Repéreur
« Souvent seul sur les routes, il m’arrive de faire seul 400 kms par jour.»
CÉDRIC DIEMER, Repéreur
Formé en Histoire de l’art et en archéologie, Cédric Diemer est entré par hasard dans le cinéma lorsqu’un ami lui propose d’être stagiaire pour une série tournée à Angoulême, Père et Maire en 2005. Alors que Languedoc-Roussillon Cinéma se structure, que le TGV permet de rapprocher les limites entre Paris et Montpellier et que certaines productions s’intéressent davantage au Languedoc-Roussillon, il crée un site internet pour proposer ses services en tant que responsable de repérage. Son travail en 2008 pour 36 vues du pic Saint-Loup de Jacques Rivette sera décisif puisqu’il lui permet d’avoir la responsabilité du repérage et de devenir deuxième assistant à la mise en scène.
Faire du repérage signifie aimer se documenter, connaître le patrimoine d’une région. Parce qu’il exerce son métier seul sur la route, il doit avoir une bonne connaissance du plateau afin de proposer des lieux adéquats. Le repéreur peut avoir accès à des endroits insolites, il cherche l’équilibre entre des désirs d’images et des paramètres techniques. Avant de proposer un lieu, il s’assure des éventuelles autorisations administratives dont le régisseur général s’occupera.
Il débute ses recherches alors que les équipes ne sont pas toutes entrées en préparation. Dans le scénario, il relève les décors et découvre progressivement le plan de travail. En fonction du lieu de tournage, il est possible que la production ait besoin de véhicules spéciaux pour accéder à certains sites. Le repéreur sensibilise les habitants ou les propriétaires à ce que signifie « accueillir un tournage ». C’est très envahissant, bruyant… mais entre la population et les équipes de films, les échanges peuvent être étonnants. Cédric Diemer a pu le vérifier sur les tournages de la série Antigone 34, tournée à Montpellier en 2012 mais également sur le film de Jacques Rivette précédemment cité.
Souvent, une journée de travail correspond à un décor. Pour des raisons économiques, le repéreur doit trouver des lieux qui polarisent plusieurs séquences. Il ne faut pas abuser de déplacements inutiles qui fatigueront une équipe et auront un coût important. Il fait des envois journaliers de photos aux réalisateur, directeur de production et chefs de poste. C’est une façon de pénétrer dans le film sans tricher sur la réalité des décors, puisqu’il utilise des focales connues qui sont aussi des propositions de cadre.
Lorsque l’équipe d’un film vient en région, il la conduit vers des lieux hypothétiques qui dévoilent quelques contraintes. Il essaye de cerner tous les avantages et inconvénients d’un lieu, mais il lui arrive, lors de ces visites, d’avoir des surprises comme « le bruit d’une nationale portée par un mistral transformé en vent marin ». Le décor doit fonctionner pour tous et pour cela, certains doivent faire des concessions, sinon il faut se diriger vers un studio. Autour de Métamorphoses de Christophe Honoré*1, il a dû s’attacher à la découverte d’espaces très contemporains et bouleverser son approche. Avec modestie mais avec la nécessité de se projeter dans le film, le repéreur doit saisir l’univers du réalisateur.
Certains cahiers des charges permettent de relever des défis comme pour le film La Grande boucle*2, qui retrace le Tour de France. Pour ce film, il a dû imaginer une étape en Nord-Pas-de-Calais tournée en Languedoc-Roussillon.
Quand il doit faire des repérages dans d’autres régions, il aborde sa mission différemment, l’hésitation engage d’autres attitudes comme celle d’aller à la rencontre des gens ou de prendre beaucoup de temps pour la phase de documentation. Dans tous les cas, le regard du repéreur s’exerce dans une certaine solitude mais annonce déjà la mise en œuvre d’une création collective.
*2 Laurent Tuel, 2013
5 dates qui ont marqué le parcours de Cédric Diemer :
Année de naissance : 1975
Formation ou rencontre la plus significative : 2001 – DEA Histoire de l’art et archéologie sous la direction d’Annie France Laurens à l’UPV Montpellier III
Arrivée en région : 1994
Premier film sur lequel tu as travaillé pour le cinéma : 2005 – Père et Maire portée par Aubes productions
Date de ton choix par rapport à un événement intéressant qui te tient à cœur : « … »
Films qui ont marqué le parcours de Cédric Diemer :
36 vues du Pic Saint Loup de Jacques Rivette, tourné au nord de Montpellier, 2008
Coup d’éclat de José Alcala, tourné à Sète, 2010
Antigone 34 de Louis-Pascal Couvelaire, tourné à Montpellier, 2011
Ton Absence de Daniele Luchetti, tourné en Camargue, 2012
Métamorphoses de Christophe Honoré, tourné à Montpellier, Nîmes, Laureaux, Ceilhes…, 2014
Son actualité :
Le Secret d’Elise d’Alexandre Laurent, tourné à Marseillan et Aigues-Mortes, 2014/2015
Après moi le bonheur de Nicolas Cuche, tourné dans les Cévennes, Quissac, Alès, Anduze, Le Vigan, 2015
Sisters de Malgorzata Szumowska/Neil Labute, 2015
Tuer un homme de Isabelle Czajka, tourné à Clermont l’Hérault et Montpellier, 2016