Assistant à la mise en scène
« Un plateau de tournage c’est un peu comme le pont d’un bateau, chacun à son poste et quand on tient un bon rythme, quand la manœuvre est réussie, on se sent tous filer dans la même direction. »
ALAIN TEMMERMAN, Assistant à la mise en scène
Il se destinait à une carrière d’électronicien mais alors qu’il était objecteur de conscience chargé du prêt de matériel pour « Jeunesse et Sport » en 1985, il a rencontré un réalisateur qui tournait son premier court métrage. Il n’était pas cinéphile mais est tombé sous le charme de ce petit tournage de nuit dans le métro de Villeneuve d’Ascq. Il comprend alors qu’il existe à cet endroit une passerelle entre la technique et la création. Après avoir réalisé des films d’entreprise pendant deux ans, il se présente à France 3 Lille en 1990 et on lui propose un stage d’assistant sur 40° à l’ombre, une émission de variétés en direct et en extérieur à Collioure dans les Pyrénées-Orientales. Il découvre ce qu’est une équipe de tournage, l’excitation du direct et son intérêt pour l’audiovisuel se confirme. Au fil des tournages, entre le Nord et l’Ile de France, il apprend le métier d’assistant à la mise en scène. En 2005, il s’installe à Paris et en 2009, avec sa famille, il décide d’aller vivre sous le soleil du Gard. Premier ou second assistant, désormais il fait aussi des repérages pour les séries Candice Renoir ou Crimes et botanique tournées en Languedoc-Roussillon par exemple. Contacté par le metteur en scène ou le directeur de production, l’assistant à la mise en scène a souvent cinq ou six semaines de préparation pour un téléfilm. Toutefois, pour un film d’époque comme Richelieu, la Pourpre et le Sang d’Henri Helman, son travail préparatoire a débuté six mois en amont. A la première lecture du scénario, il cherche « les loups » et dresse une liste des difficultés à régler en priorité : un rôle difficile à caster, une scène compliquée à tourner… Ses fréquentes discussions avec le metteur en scène lui permettent de saisir ses intentions. Assez solitaire au début de la préparation, il multiplie ensuite les échanges avec les chefs de poste, l’élaboration est collective. Le premier assistant coordonne le travail des équipes, il avise la production de l’état du projet et participe à trouver des solutions qui conviendront aux demandes du réalisateur tout en respectant le budget alloué. Alain Temmerman ne se sent pas « l’armure d’un metteur en scène » mais plutôt « le caméléon » qui conduira au meilleur compromis pour le film. Sur un tournage, le réalisateur reste le diapason, « son métier est difficile pendant et entre les films », il faut lui éviter les pressions pour qu’il puisse se concentrer sur la mise en scène. Le premier assistant et son équipe – son second, son troisième, car sans eux rien n’est possible – anticipent constamment pour chercher le bon rythme, éviter les temps morts et tourner tout ce qui est inscrit sur la feuille de service*1 avec la meilleure qualité possible. Dans l’énergie et la concentration, il met en synergie tous les corps de métiers et trouve des alternatives efficaces en cas de problème (météo, décor annulé…). Le plan de travail*2, dont il a la responsabilité, doit respecter les intentions du réalisateur mais aussi le travail, parfois éprouvant, des techniciens. Ce document garantit la sécurité d’une équipe autant que la démarche artistique. Rien n’est définitif et le tournage est une mise à l’épreuve de ce plan de travail, c’est le chemin d’un scénario : aller du papier vers le concret. Le métier d’assistant à la mise en scène peut être source d’angoisse mais en vingt ans de tournages, Alain Temmerman a appris à se faire confiance et à avoir confiance en une équipe.
*1 Outil d’organisation logistique communiqué la veille de chaque jour de tournage à l’équipe*2 Outil permettant d’appréhender la totalité d’un tournage dans ses détails, décors, casting, dates de tournage, effets spéciaux…
5 dates qui ont marqué le parcours d’Alain Temmerman :
Année de naissance : 1961
Formation ou rencontre la plus significative : 1993 – rencontre avec Michel Debats, premier assistant de Thierry Chabert sur Le dernier tour, « mon papa de métier » comme on dit…
Arrivée en région : 2009
Premier film sur lequel tu as travaillé pour le cinéma : 2004 – Vipère au poing de Philippe de Broca
Date de ton choix par rapport à un événement intéressant qui te tient à cœur : 1989 – la chute du mur de Berlin
5 films qui ont marqué le parcours d’Alain Temmerman :
Pécheur d’Islande de Daniel Vigne, 1995
Un amour à taire de Christian Faure, 2004
Les Diablesses de Harry Cleven, 2006
La saison des Immortelles de Henri Helman, 2008
Richelieu, la Pourpre et le Sang de Henri Helman, 2013