JULIE CHARRIER
« Quand j’ai découvert les vidéos-danse, véritables courts métrages de création, plus que de simples captations, ça m’a ouvert l’esprit et j’ai décidé d’arrêter la danse pour reprendre des études de cinéma à Paris 3. »
JULIE CHARRIER, Réalisatrice et productrice de films de danse
Dès l’âge de 4 ans, Julie Charrier danse. Pas sur le pont, mais au conservatoire d’Avignon, elle suit les cours de la méthode Irène Popard, découlant elle-même de la liberté apportée à la pratique par Isadora Duncan. L’enfance, fertile, voit aussi l’avènement d’une volonté créatrice : « Avant de me coucher, j’accrochais des feuilles de papier sur lesquelles j’avais esquissé des chorégraphies. Je ne faisais que ça. » Un cursus sport-études jusqu’en terminale parachève cette passion pour le mouvement. Dans la Chartreuse d’Avignon, elle suit les cours d’été de Carolyn Carlson et voit défiler toute la danse postmoderne. Julie intègre ensuite le CNDC d’Angers, s’y forme pendant 1 an, puis réalise à la fin du cursus qu’elle ne veut ni être interprète, ni chorégraphe. « Quand j’ai découvert les vidéos-danse, véritables courts métrages de création, plus que de simples captations, ça m’a ouvert l’esprit et j’ai décidé d’arrêter la danse pour reprendre des études de cinéma à Paris 3. »
Le premier film de Julie Charrier porte sur la tradition orale et le cinéma en Afrique. Un sujet qui préfigure les films à venir, tant la danse se transmet par la locution. Elle rejoint la société de production Les Films d’Ici et apprend le métier de production de documentaires, engagés, artistiques. La rencontre de Leslie Grunberg s’avère déterminante puisqu’avec Les Films Pénélope, l’homme se consacre particulièrement aux métrages de danse. « À l’époque, il y avait chaque semaine des films de 26 minutes de danse sur Arte. J’ai réalisé à ce moment-là que tout ce que j’avais fait auparavant n’était pas pour rien. Tout mon parcours avait une cohérence » se souvient Julie. Servir la danse, par l’image, concorde avec la volonté des chaînes de diffuser des contenus sur la discipline. La danse visible en dehors du théâtre vit ses heures d’apogée. Elle contribue alors à l’émergence de nombreux projets en tant que conseillère, éditorialiste, directrice artistique, productrice ou réalisatrice et participe à la création de contenus numériques, de films, d’aventures de territoires ou d’expositions qui permettent de transmettre le sensible au plus grand nombre.
L’autre pendant de cette faculté à capter l’éphémère s’inscrit sur la plateforme Numeridanse.tv, lancée en 2011. Proche du vidéaste Charles Picq, elle le rejoint afin de dresser l’inventaire du patrimoine filmé de la danse contemporaine. Dans la foulée, le Ministère de la Culture lui demande de coordonner la numérisation des fonds audiovisuels des 19 CCN français. L’immersion dans cette galaxie chorégraphique permet un travail éditorial sur la mémoire d’une danse dont le caractère éphémère frôle l’évanescence. En 2015, la célébration des 30 ans des CCN amène Julie à produire une plateforme dédiée (www.30ansdanse.fr) retraçant leur épopée : « Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie, mais c’était passionnant. On a livré une sorte de boîte de chocolats dansants. »
L’arrivée de la réalité virtuelle permet à Julie de travailler avec Radhouane el Meddeb et Philippe Decouflé pour l’édition 2017 du festival d’Avignon. « Pour Face à la mer de Radhouane, on est allé filmer dans le désert. J’ai assuré la réalisation de ce projet. C’est l’une des premières fois que je laissais ma griffe. »
Après la réalisation de webdocumentaires, Julie retourne ensuite au CNDC d’Angers, où elle présente un film sur les 40 ans de la structure. Si elle avoue être troublée par ce retour, 30 ans après avoir fréquenté le CNDC comme étudiante, elle voit, au-delà de l’acuité, une sorte de signe du destin. « Cette fois, la boucle est bouclée. »
Elle co-réalise avec Yvan Schreck, deux documentaires de 52’ Nous, la danse, sur les étudiants du CNDC d’Angers et Nos théâtres, sur les étudiants du Théâtre National de Bretagne. Elle réalise un documentaire de 52’ Compositions sur une masterclass d’improvisation menée par le danseur Dominique Petit au CNDC d’Angers.
À Avignon, là ou elle vit, elle a repris avec un collectif, la direction du Parcours de l’art, Festival d’art contemporain (www.parcoursdelart.com) et écrit pour Arte Concert, la série Sur le Pont d’Avignon on y chante, 9 courts-métrages qui (ré)enchantent le Pont.
Elle est aussi responsable pédagogique et artistique de la formation Classe départ et des projets et résidences de territoire à l’année pour le théâtre La Manufacture.
5 dates qui ont marqué le parcours de Julie Charrier :
1989 : Après avoir échoué une première fois, l’année de mon Bac, j’ai réussi le concours du CNDC (Centre national de danse contemporaine). J’étais plus libre dans mon corps après une année en auditeur libre.
1993 : J’ai proposé à mon maître de maîtrise de réaliser un film documentaire pour soutenir mon master de cinéma sur la tradition orale et le cinéma.
2002 : Je préparais mon premier direct de danse pour ARTE avec 8 compagnies internationales réunies sur la scène de la Maison de la danse de Lyon.
2015 : Pour les 30 ans des CCN, j’ai réalisé une fresque sur le net, sorte de nuancier Pantone qui raconte en 30 pastilles de 1mn 30, 30 ans de danse en France.
2016 : Convaincue par mes proches, j’ai présenté ma candidature pour la direction du Centre de développement chorégraphique des Hivernales. J’ai été pré sélectionnée.
5 films qui ont marqué le parcours de Julie Charrier :
La Favorite de Yorgos Lanthimos, 2018
Moonlight de Barry Jenkins, 2016
Les Amants du Pont neuf de Léos Carax, 1991
Paris, Texas de Wim Wenders, 1984
Les Enfants du Paradis de Marcel Carné, 1945