2024 © Handcrafted with love by the Pixelgrade Team

Co-directeur de Gindou Cinéma et co-programmateur du festival


© ULRICH LEBEUF / MYOP

« Montrer des films, c’est toujours une émotion »

SÉBASTIEN LASSERRE, Co-directeur de Gindou Cinéma, co-programmateur du festival, Responsable des actions « La Ruche » et « Le goût des autres »

De chaque côté de la route, une église et une mairie se font face et deviennent centre d’un monde d’images et de «tchatches», chaque année vers le 20 août, et ce depuis 36 ans. A 30 kilomètres de Cahors, Gindou, village de 300 habitant.e.s, parle du monde, de tout le monde, dans sa diversité.
En cette année exceptionnelle, l’équipe des six permanent.e.s de Gindou Cinéma s’est interrogée sur quoi faire en temps de coronavirus. Elle a opté pour l’organisation de deux soirées à Prayssac et Cahors et une journée et une nuit à Gindou en août, qui se poursuivent par des Rencontres hors les murs dans les salles de cinéma à l’automne.
« Nous n’arrivions plus à nous projeter. » Sébastien Lasserre, co-directeur avec Marie Virgo de Gindou Cinéma, avoue que pour la première fois, au creux de ce printemps confiné, l’idée de voir des films sans savoir s’il pourrait les programmer l’a déstabilisé. Une sensation qu’il n’avait jamais ressentie depuis bientôt vingt ans qu’il est en poste ici.
Né à Paris, son enfance suit le cours des mutations professionnelles du père ; il effectue ses années de lycée à Angers et opte après le baccalauréat pour l’Institut d’études politiques à Toulouse. Sans objectif particulier, mais avec un mémoire de fin d’études consacré à l’exploitation cinématographique. Car celui qui, à dix ans, était déjà prescripteur des films à voir en famille, aime le cinéma à en devenir cinéphile.

Quand Philippe Étienne, qui a longtemps gouverné les destinées de Gindou Cinéma, l’appelle en 2001 pour rejoindre l’équipe, Sébastien Lasserre a 25 ans et cela fait deux semaines qu’il cherche du travail, après avoir exercé le métier de projectionniste en tant qu’objecteur de conscience. Depuis, il a appris du lieu comme on apprend des autres. « Le moteur de Gindou c’est la rencontre, les rencontres. C’est pour cela que les gens reviennent, pour cette ambiance. »
II a contribué à faire grandir l’association, déclarée d’intérêt général : Gindou Cinéma gère désormais l’accueil des tournages en Tarn-et-Garonne et dans le Lot, travaille avec les établissements scolaires du département pour Ecole et Collège au cinéma, organise un concours de scénario pour les 12-18 ans, Le goût des autres, et met en place des résidences d’écriture.

Et, bien sûr, organise toujours le festival du mois d’août. Avec Marie Virgo, ils voient quelques centaines de films par an, sans distinction de formes, de sujets ou de pays. Ici, pas de compétition. Gindou mélange les genres, courts, longs, fictions, documentaires et se méfie des « cases ghettos ».

En 2013, Gindou crée La Ruche. Une résidence d’écriture qui commence l’été sur place, continue en octobre durant le Festival international du film indépendant de Bordeaux et se termine à Villeurbanne, pour le festival du film court. De jeunes gens, d’origines diverses, sans études particulières en cinéma, se mettent à l’épreuve de la durée et de la confrontation pour construire le scénario d’un premier court-métrage professionnel. Participant à ses débuts, en 2014, Djigui Diarra est déjà revenu trois fois à Gindou pour présenter ses films. « Il nous dit qu’on est des Ovni, et qu’il a besoin de venir régulièrement chez nous pour se ressourcer. Cela nous flatte, bien sûr ! sourit Sébastien. Mais La Ruche nous fait du bien à nous aussi. Personnellement, cela m’a ouvert, m’a nourri. »

S’il se pose quelquefois la question de « bouger », il dit « se reconnaître complètement dans ce qu’il fait ». Car c’est Gindou Cinéma qui bouge, en alerte sur l’émergence des soubresauts du monde comme sur celle des talents. Parce que Gindou Cinéma est resté, de manière souple et volontariste, un espace de liberté.

 
 

5 dates qui ont marqué le parcours de Sébastien Lasserre :

1976 : Naissance
1999 : Objection de conscience
2001 : Arrivée à Gindou
2005 : Création du concours Le goût des autres
2013 : Création de La Ruche

 

5 films qui ont marqué le parcours de Sébastien Lasserre :

Aujourd’hui d’Alain Gomis, 2012
La mort de Danton d’Alice Diop, 2011
Quatre murs et le monde de Marc Weymuller, 2009
Quelques miettes pour les oiseaux de Nassim Amaouche, 2005
Rue des cités de Carine May et Hakim Zouhani, 2013

 

Son actualité :

Mise en place en 2020 d’une nouvelle résidence d’écriture de long-métrage de fiction.