Régisseur
« Être investis ensemble au service d’un film. »
ETIENNE MIOLLAN, Régisseur
Il rentre d’un tournage un peu plus long que prévu, pour la série Crimes à… pour France 3, à Biot dans les Alpes-Maritimes. Un cas positif déclaré, des plans de travail à détricoter, re-tricoter… C’est l’une des qualités d’un régisseur, la réactivité. Si on lui demande quelles autres compétences il lui semble nécessaire d’acquérir, il répond dans un grand sourire : « de la bonne humeur ». Et il reprend : « Il faut avoir de l’empathie et de l’écoute. Avec les gens qui nous ouvrent les portes de leurs maisons, de leurs territoires, on doit créer de vraies relations et pouvoir tout se dire pour mieux préparer à l’arrivée d’un tournage. Avec l’équipe, c’est la même chose, on est au service du film, autant insuffler autour de soi cet état d’esprit. »
Une manière d’être qui crée autour de lui bien des fidélités. Arrivé dans Crimes à… en 2013 en tant qu’assistant régisseur adjoint, il est devenu membre à part entière de l’équipe. Pour cette première, c’était à Laguiole, au Nord de son Sud-Aveyron d’origine, lui natif de Millau. Fidélité au régisseur général, également, Sylvain Provost, avec qui il travaille depuis 2007. « J’ai beaucoup appris de lui, on s’est rencontrés pour une série ambitieuse, de douze épisodes, à Toulouse, Disparitions, ma première expérience en tant que repéreur puis régisseur. »
A cette époque-là, Étienne Miollan est assistant de production pour KProduction. Société toulousaine fondée en 1995, elle a produit la plupart des films de Jacques Mitsch, les premiers films d’Alain Guiraudie, Eric Cherrière… Étienne, alors étudiant en production audiovisuelle à l’IUP ISIC de Bordeaux, y effectue un premier stage et y reste six ans. Produire c’est participer à la conception, préparer les tournages, s’y rendre de temps en temps… Et lui voudrait en être pleinement. C’est pour cela qu’il est venu au cinéma. Après une licence d’histoire, il tourne un premier court-métrage avec des amis et, plus qu’à réaliser, il prend un réel plaisir à organiser le tournage.
La régie lui permet cette immersion totale. Pendant le tournage, il organise les journées des équipes, la logistique (hébergements, locations de véhicules…) et la mise en place inhérente à chaque décor. « A Biot, on a dû reconstituer une place de village vivante en temps de pandémie : faire rouvrir des terrasses de bar, meubler des locaux vides, déplacer des jardinières qui gênaient les angles de vue, s’assurer de la disponibilité des coffrets électriques forains… Et vérifier que le tournage n’ait pas lieu un jour de marché. ». Mais aussi en amont dans la préparation. « C’est essentiel. C’est là qu’on crée des liens avec les gens et qu’on repère celles et ceux qui vont nous aider à débloquer une situation. Pour ce dernier Crimes à… le réalisateur voulait faire un clin d’œil au Triporteur de Darry Cowl qui a été tourné là-bas. Je me suis adressé à une personne qui connaissait tout de la région et qui m’a aiguillé de suite pour trouver un tel véhicule. »
En vingt ans, les tournages se sont enchaînés jusqu’à Serre-moi fort de Mathieu Amalric tourné en 2019 et 2020 et qui va le marquer durablement. « Je suis très fier d’avoir travaillé pour ce film. Mathieu Amalric est quelqu’un d’exceptionnel, qui a su nous fédérer autour de son œuvre, comme à se pencher tous autour du berceau de son nouveau-né. » Pour la projection privée d’octobre dernier à Saint-Gaudens en Haute-Garonne, l’un des lieux du tournage du film, Mathieu Amalric a appelé tous les membres de l’équipe. Étienne était pris par la quotidienne de TF1 Ici tout commence dans le Gard. « Mathieu était tellement contrarié que je ne puisse pas être là que j’ai tout fait pour venir. »
5 dates qui ont marqué le parcours de Etienne Miollan :
1976 : Naissance à Millau (Aveyron).
1998 : Les Barbares contre les Ninjas, court-métrage d’Etienne, un « péplum punk vraiment trop long tourné avec des amis » sur l’Aubrac.
2001 : Maîtrise des Sciences de l’information et de la communication, option production audiovisuelle. ISIC/IUP de l’Université de Bordeaux III-Montaigne.
2001-2007 : Assistant de production pour KProduction à Toulouse. Documentaires (Fumel, de feu, de fer et de rock de Jacques Mitsch, Le crime de Zacarias Barrientos de Ludovic Bonleux…) et fictions (L’usine s’engage de Jacques Mitsch, La Main noire d’Eric Cherrière…).
2007 : Tournage de la série Disparitions à Toulouse, diffusée sur France 3. Premier poste en tant que repéreur puis assistant régisseur adjoint.
Films qui ont marqué le parcours de Etienne Miollan :
Fono et ses frères, de Christophe Vindis, Antea, 2011, tourné à Agen et dans les Iles Tonga. Chargé de production et régisseur.
Un beau dimanche, de Nicole Garcia, Les films Pelleas, 2012, tourné à Toulouse. Régisseur adjoint.
Cruel, d’Eric Cherrière, De Pure Fiction, 2014. Tourné dans le Lot et à Toulouse. Régisseur général.
Bruno Reidal, de Vincent Leport, Capricci Production, 2018. Chargé des repérages de partie aveyronnaise.
Serre-moi fort, de Mathieu Amalric, Les films du Poisson, 2021, tourné dans le Saint-Gaudinois, à Baqueira (Espagne) et en Charente-Maritime. Régisseur adjoint.
Toutouyoutou (Saison 1-2), de Maxime Donzel, Géraldine de Margerie et David Coujard, Agat films- Ex Nihilo, 2022-2024, tourné entre Toulouse et Blagnac. Repéreur et régisseur général.
Ma part de Gaulois, de Malik Chibane, Dellys Films, 2023, tourné à Toulouse et dans le studio à Colomiers. Repéreur et régisseur général.