OLIVIER SCHWOB
« Je déteste le mot « sondier*1 », c’est tout le contraire de ce que je mets dans mon métier. »
OLIVIER SCHWOB, Ingénieur du son
Voici un homme de terrain, l’expression est certes souvent galvaudée mais elle lui va bien. Etudiant de l’école Louis-Lumière, c’est avec ses camarades de l’IDHEC à Paris qu’il a fait ses premiers films en tant que preneur de son et qu’il lui arrivait de mixer. Or, plus que le rythme du montage, il s’intéressait au tournage. Ingénieur du son, il intervient sur ce qu’on entend, sur la distance avec le micro, c’est une histoire d’équilibre.
Il aime voyager, partager avec les autres membres de l’équipe durant un tournage. Trente-cinq ans après, il travaille encore avec des gens rencontrés à l’école. Les territoires sur lesquels il enregistre se situent entre l’endroit où il vit à Montpellier et Paris, entre chez lui et le Monde. Des ingénieurs du son comme Antoine Bonfanti ou Bernard Ortion, des réalisateurs comme Robert Kramer ou Richard Copans, des productions comme Les Films d’Ici en 1980-1990 ou encore des cinéastes comme Eric Pittard, ont jalonné son chemin et ces rencontres ont été décisives. Dans les métiers du cinéma, il faut à chaque fois « recommencer, il est dangereux de mythifier un métier ». Il aime l’idée de passer d’un projet à l’autre, d’un film en banlieue parisienne à un documentaire sur les monastères du Tibet. Selon lui, la meilleure chose pour apprendre et comprendre, c’est de tourner.
Le rapport entre le son et l’image le fascine. Le son ne se propage pas de la même façon en fonction des environnements, les expériences sont nombreuses et sans fin. A chaque film, il cherche une nouvelle méthode à employer afin de trouver le son que le réalisateur imagine. Pour parler de cette matière, il utilise des métaphores d’images : un son mat, un son brillant… En fonction de la diffusion du film, en salle ou à la télévision, la prise de son sera différente. Avec un téléfilm, ce qui importe au téléspectateur c’est de comprendre les mots, au cinéma il s’attachera aussi aux ambiances. Il aime utiliser son propre matériel et s’entoure d’assistants en fonction des projets. Pour les documentaires, il part souvent seul faire le « son tournage » (perche, prise de son…) et le monteur son intervient après si besoin. Pour la fiction, il est souvent entouré d’un ou deux perchmen car il faut gérer les micros que portent les comédiens sur eux.
Des deux catégories d’ingénieurs du son – ceux qui veulent s’approcher le plus possible de la réalisation finale dès le tournage ou ceux qui livrent les éléments en pensant que tout sera fait après – Olivier Schwob appartient à la première espèce et juge qu’une grosse partie doit être faite pendant le tournage pour être enrichie par le travail ensuite.
Il pose un regard inquiet sur la profession car le son est de plus en plus abordé de façon stéréotypée, notamment par ceux qui pensent qu’on peut tout refaire après la prise de son et parce qu’il existe une tendance à vouloir « nettoyer les sons ». La télévision a sa part de responsabilité. Les sons s’uniformisent avec une peur du réel et le documentaire a beaucoup changé avec la télévision qui envisage le matériau sonore de façon très primaire en plaquant une voix off.
Davantage connu dans le documentaire que dans la fiction pendant une période, Olivier Schwob a aussi œuvré à des frontières originales pour des documentaires sportifs par exemple. S’adapter et réagir pour apprendre ; il ne regrette rien de ce qu’il a fait dans des domaines très différents.
Quand on sait tourner léger on peut tourner lourd, l’inverse semble plus compliqué. Ainsi, du documentaire vers la fiction, cet ingénieur du son a appris à observer le cadre tout en tenant la perche et pense qu’une des façons de faire du son, est de savoir regarder.
5 dates qui ont marqué le parcours d’Olivier Schwob :
Année de naissance : 1954
Formation ou rencontre la plus significative : 1974 – entrée à l’École Louis-Lumiere.
Arrivée en région : à partir de 1984
Premier film sur lequel tu as travaillé pour le cinéma : 1993 – Patriot game de Arthur Mc Caig à Belfast, au départ il s’agissait d’un film d’étudiant de l’Idhec
Date de ton choix par rapport à un événement intéressant qui te tient à cœur : 1975 – le concert d’Archie Shepp à Massy.
Films qui ont marqué le parcours d’Olivier Schwob :
Route one USA de Robert Kramer, 1989, (et tous les films que j’ai fait avec lui).
Djembefola de Laurent Chevallier, 1991
Alexandrie encore et toujours de Youssef Chahine, 1990
La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier, 2010
Le bruit et l’odeur et quelques étoiles / l’Usine et tous les films de Eric Pittard : je ne sais pas choisir !
Son actualité :
Candice Renoir de Stéphane Malhuret, épisodes 31 et 32, 2015
Tuer un Homme de Isabelle Czajka, tourné à Clermont l’Hérault et Montpellier, 2016
Tandem de Christophe Douchan, tourné à Montpellier et alentours, 2016