Scripte
« Je n’aime pas le chronomètre, ni le stylo ou la calculatrice, ce qui m’intéresse, c’est le rythme, le raccord c’est aussi le rythme. »
GAËLLE TARDIF, Scripte
D’abord intéressée par le montage, Gaëlle Tardif est allée de Montpellier vers Paris où elle a eu besoin de temps pour trouver les bons chemins à emprunter. Lorsqu’elle découvre les écrits de Sylvette Baudrot*1, elle décide de cesser ses fonctions d’assistanat au montage et s’engage sur les lieux de tournage auprès des réalisateurs. Elle utilise le Bellefaye*2 pour rencontrer des scriptes mais son parcours est interrompu par des séjours à l’étranger où elle fait de la formation au montage. La scripte Marie-Florence Roncayolo lui enseigne qu’à l’inverse de certains métiers où les longues années d’assistanat sont importantes, pour celui de scripte, il faut se confronter rapidement à la responsabilité des tâches inhérentes à ce poste. Faire des courts métrages avec des réalisateurs qui découpent précisément et qui ont pensé leur scénario pour des sociétés de production professionnelles lui semble aujourd’hui être la meilleure école. Revenue à Montpellier récemment, elle apprécie ses relations avec les équipes en Languedoc-Roussillon.
Son rôle est de garantir tous les raccords, c’est une question de rythme, de cohérence. A la lecture d’un scénario, on dispose de nombreuses informations que le spectateur n’a pas à l’image. Elle identifie d’éventuels manques lors du tournage et anticipe la compréhension des spectateurs. Elle doit faire preuve d’une certaine psychologie pour mettre le réalisateur face à une problématique et le rassurer pour trouver une solution.
Elle est généralement contactée par le réalisateur et organise son travail autour des mêmes étapes. Après les lectures du scénario, suit le difficile exercice du pré-minutage. Si la durée d’un plan pour une série est souvent calibrée, le cinéma nécessite un important travail de recherche afin de minuter un scénario : regarder les films précédents du réalisateur, se renseigner sur les comédiens, sur les repérages… L’étape du dépouillement consiste ensuite à relever tous les accessoires, les maquillages, les émotions des comédiens… Cela permet de disséquer le film, de le connaître précisément. La scripte a une excellente mémoire, elle connaît la chronologie des séquences, elle est une personne ressource sur le plateau où l’on tourne par décor et non par continuité. Son outil est le scénario. Elle dispose en permanence de toutes les informations liées aux différents raccords. Tout doit être raccordable pour que le montage soit possible : les regards des comédiens, leurs gestes… jusqu’à la présence du plus petit accessoire. Les réunions de découpage sont des moments privilégiés pour saisir les enjeux de la mise en scène. Clarifier les intentions de la costumière, assister aux lectures avec les comédiens, tout ceci est essentiel, son obsession est le montage.
Ce métier reste méconnu au sein des professionnels du cinéma qui imaginent souvent un poste de secrétariat. Or, la scripte doit aussi s’assurer que le réalisateur a tourné tous les éléments qui lui seront utiles et informer toutes les personnes qui ont besoin de se repérer dans le scénario. Gaëlle Tardif souligne que la créativité n’est pas la principale attente de ce métier, à l’inverse du montage où la magie peut apparaître. Elle relève également quelques frustrations comme le fait de ne pouvoir travailler que pour la fiction.
Les évolutions techniques viendront peut-être remettre en question ce métier. Aux Etats-Unis, un nouveau poste est né : à côté du plateau, une personne est chargée de récupérer les images et les met bout à bout en temps réel, ce qui permet de remarquer immédiatement une erreur de raccord.
Gaëlle Tardif adore partir en tournage, « en colonie de vacances sans les vacances », elle se sent polyvalente et désireuse de nombreuses expériences.
*2 Annuaire professionnel du cinéma et de l’audiovisuel.
5 dates qui ont marqué le parcours de Gaëlle Tardif :
Année de naissance : 1979
Formation ou rencontre la plus significative : 2012 – rencontre avec Emmanuelle Dubergey sur la série Ligne de vie.
Arrivée en région : Je suis née en Languedoc-Roussillon et j’y ai fait mes études. J’ai toujours gardé un lien avec la région même lorsque je vivais sur Paris. Je suis revenue vivre à Montpellier en août 2013.
Premier film sur lequel tu as travaillé pour le cinéma : 2004 – sur le film Bascule de Sébastien d’Abrigeon, film d’animation.
Date de ton choix par rapport à un événement intéressant qui te tient à cœur : 2006 – je suis scripte sur les films de l’école CCC de Mexico.
Films qui ont marqué le parcours de Gaëlle Tardif :
Tutto o niente de Christophe Fustini, 2007
Marche forcée de Thomas Gayrard, 2011, tourné en Languedoc-Roussillon dans les Cévennes
A long way from home de Virginia Gilbert, 2012, tourné en Languedoc-Roussillon à Nîmes
Sweet Mosquito d’Audrey Najar et Frédéric Perrot, 2012, tourné en Languedoc-Roussillon à Montpellier
Il venait de Roumanie de Jean-Baptiste Durand, 2014, tourné en Languedoc-Roussillon à Montpeyroux
Son actualité :
Le Secret d’Elise d’Alexandre Laurent, tourné à Marseillan et Aigues-Mortes, 2014/2015
Waiting For You de Charles Garrad, tourné dans le Gard et l’Hérault, 2015
Candice Renoir de Nicolas Picard Dreyfuss et de Sylvie Ayme (3 épisodes de la saison 5), 2016